A-t-on encore le temps pour elle? La poésie. C'est notre âme qui parle avec les mots qu'elle propulse comme elle peut, au gré de ses émotions, de ses ressentis, de ses extases comme de ses drames. C'est elle encore qui veut partager, transmettre, se connecter à l'univers; toucher, soulager, émerveiller, adoucir d'autres âmes sensibles à son appel.
"Un poète est un monde enfermé dans un homme". Victor HUGO
Devant une oreille distraite
Elle attend et elle s’apprête
A lui donner l’air du temps,
Elle tourne, elle s’entête
Elle voudrait remplir la tête
Mais pour l’instant elle attend
. Y’a une chanson qui rôde
Autour d’une voix frivole
Elle tourne et elle s’envole
Elle voudrait qu’on la décode
Pour lui donner la parole,
Et pour ne pas qu’on s’affole
Elle veut qu’autour d’elle on brode.
Y’a une chanson qui insiste
A vouloir se faire chanter
A rêver d’être écoutée,
Et en sourdine elle persiste
A dire quelques vérités,
En douceur faire éclater
Quelques chaînes qui résistent.
Y’a une chanson qui reprend
Un peu du poil de la bête,
Déjà il faut qu’elle se mette
A parler de sentiments,
De victoires et de défaites
Et même de mort qu’on décrète,
Alors vient le châtiment.
Y’a une chanson qui endure
Les peines d’un purgatoire,
Sans écho et sans prétoire
Les coups bas de la censure.
C’est la chanson, c’est l’histoire
Du monde crevant son miroir
Pour ne pas voir ses blessures
Marie-Andrée
Ne pleure pas Poète
Regarde ta plume qui suinte
Et ton cœur qui goutte,
Je t’en prie ne pleure pas.
Bien sûr, tous ces mots
A l’envers ou debout
Qui s’échappent en tout temps
De ton âme rétive,
Ne vont pas toujours loin.
Mais il arrive souvent
Que tu croises sans hasard,
Au détour d’une indifférence
Une âme sensible
Prête à les accueillir.
Ne désespère pas Poète,
Depuis l’aube des temps
Les Psaumes de David,
Les poèmes de Job,
Le Cantique des cantiques
Et les Lamentations
Chantent encore leurs mots
De beauté et de gloire.
Classiques et romantiques
Restent dans les mémoires,
Et aujourd’hui encore
Pamphlétaires et haïkistes
Surréalistes et modernes
Résistent bien.
N’abandonne pas Poète
Ne laisse pas sécher
L’encre de ta plume.
Notre monde est cruel
De renier sans cesse
Ce don qui vient du Ciel
Et qui t’amène souvent
Dans des labyrinthes,
Au plus profond des âmes,
Dans des recoins d’esprit
D’où tu sors simplement
Des restes de conscience,
Des désirs d’amour
Et des besoins de Paix.
Ne pleure pas Poète
Et écris encore
Ce qui te blesse
Ou ce qui t’enchante.
Toi qui t’es offert
Sur l’autel du dédain,
En pâture à l’ingratitude
Et à l’incompréhension,
Ne laisse pas tarir la source.
Tu es parfois le remède amer
Qui apporte la guérison,
Tu es souvent l’émotion
Qui peut sauver notre être
De ses froideurs malignes.
Ne pleure pas Poète
C’est moi qui pleure.
Marie-Andrée